16.3.12

Village artisanal de Ouagadougou

Les uns quittent les lieux, d’autres font une grève de faim


9 février 2012, par Webmaster
Le Village artisanal de Ouagadougou (VAO) vit actuellement une autre étape de la situation de précarité qu’il traverse depuis un certain temps. Les artisans qui refusaient de partir, après y avoir passé 12 ans, ont été déguerpis samedi 4 février 2012. Le même jour, une décision de justice a ordonné à la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) de rouvrir les portes du Village aux artisans déguerpis. Ce qui reste assez bizarre est que les artisans ne sont pas unanimes sur le système de rotation que certains refusent au point d’engager une grève de faim.


« Grève de faim ». Pouvait-on lire sur une petite pancarte fixée à l’entrée du Village artisanal de Ouagadougou (VAO), ce jeudi 9 février à 13 heures 30 mn. A proximité de la pancarte, un homme âgé d’une cinquantaine d’années couché, entouré de quelques personnes dont des femmes et des enfants. L’homme répondant au nom de Urbain Kouldiaty, se présente comme étant un artiste pyrograveur récemment déguerpi du site du VAO. Le samedi 4 février 2012, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) a procédé au déguerpissement de 49 artisans qui refusaient de quitter le VAO parce qu’ils devaient laisser la place à d’autres artisans depuis le 31 décembre 2011, selon le principe de la rotation. Les artisans déguerpis et mécontents de la décision avaient porté le différend devant la justice qui a tranché en leur faveur. « L’argument du Tribunal de grande instance de Ouagadougou est que la CCI-BF ne peut pas mettre fin au contrat de bail entre elle et les artisans ». (Cf le journal Le Pays n°5046 du mercredi 8 février 2012). Urbain Kouldiaty dit avoir entamé la grève de faim depuis le mardi 7 février 2012 pour manifester sa désapprobation contre l’insistance de la CCI-BF malgré la décision de justice qui leur donne raison. Visiblement affaibli, il dit avoir le soutien de ses collègues. « Notre stratégie de grève de faim est organisée. Tant qu’on n’ouvrira pas le VAO pour que nous y entrions, nous ne comptons pas arrêter. Si je meure de faim, quelqu’un d’autre viendra me remplacer », fait-il savoir.

« Nous avons accepté de quitter le VAO »

Pourtant, à entendre Assita Tamboura, chef d’atelier, faisant parti des 49 artisans concernés par le départ, beaucoup d’entre eux ont accepté le principe de la rotation et veulent partir. Par conséquent, la grève de faim ne les concerne pas. Selon Mme Tamboura, refuser de partir du VAO et laisser la place à d’autres artisans, frise un peu l’égoïsme. « Nous sommes au Village artisanal de Ouagadougou, il y a douze ans. Nous y sommes depuis l’ouverture du village en 2000 et nous avons pu bénéficier de nombreux avantages », reconnaît-elle. Assita Tamboura, par ailleurs, ex vice-présidente du Groupement d’intérêt économique (GIE) du VAO avoue qu’au début il n’y a pas eu de contrat signé établissant que le séjour était rotatif, mais que par la suite le contrat annuel a été instauré et accepté de tous. « Depuis 2005, chaque année, tous les 49 artisans, chefs d’atelier que nous sommes, signons ces contrats. Et nous savions tous qu’en décembre 2011, notre séjour prenait fin sur le site du VAO », affirme-t-elle. Avant d’ajouter que l’entrée au Village artisanal n’a pas été faite dans la bagarre ; par conséquent, il ne faut pas que la sortie soit source de conflit. « Nous sommes environ une vingtaine sur la cinquantaine qui veulent laisser la place à d’autres artisans pour que eux aussi profitent du VAO. Avec l’expérience que nous avons, nous devons aider les jeunes artisans à s’affirmer et non empêcher leur ascension », estime l’ex-vice-présidente du GIE qui demande par ailleurs à ses collègues grévistes de revenir à la raison. Tout ceux qui, comme Mme Tamboura et ses collègues ont accepté de partir, demandent aux responsables de la CCI-BF et aux autorités du ministère en charge de l’Artisanat de leur trouver des mesures d’accompagnement.

Alban KINI
Article original : Sidwaya

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