Disparition d'Ali Farka Touré
L'Afrique en deuil
La disparition du légendaire Ali Farka Touré, le 07 mars dernier, nous éclaire brutalement sur l’importance du patrimoine légué par cet illustre porte parole de l’expressivité musicale africaine.
Son humeur blues a longtemps suscité l’interrogation de ses contemporains. Avait-il trahi ses racines culturelles ? S’était-il laissé bercer par les notes bleutées d’une Amérique triomphante ? Autant de questions que le patriarche de Niafunké considérait calomnieuses, tant son investissement musical et spirituel le rapprochait chaque jour des valeurs ancestrales de l’Afrique. Et pourtant, comment ne pas s’étonner d’entendre le lyrisme plaintif d’un John Lee Hooker dans l’univers sonore d’un musicien malien…
Ali Farka Touré avait rapidement pris conscience de cette confusion historique qui le plaçait dans le sillon des Bluesmen noirs américains. Alors, il n’eût de cesse de rappeler la chronologie des événements pour que l’on comprenne, enfin, combien l’âme noire des artistes, outre atlantique, n’était que l’héritage d’une authenticité africaine importée dès le XVIIe siècle par ses ancêtres, contraints à l’esclavage. Dès lors, la tradition musicale du peuple Tamashek, dont il était le gardien, retrouvait toute sa légitimité et imposait un devoir de mémoire aux virtuoses autoproclamés du blues afro-américain.
Même s’il aimait parfois confronter sa poésie musicale au scintillement des guitares de ses cousins d’Amérique, il parvenait toujours à faire jaillir sa vérité africaine à travers une sonorité unique, identifiable immédiatement. Ali Farka Touré ne jouait pas le blues, il était le blues !
Article de Joe Farmer - rfi musique
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