Un projet au fil de l'eau...
« Un projet avec des jacinthes d’eau » ! Maintenant encore, quand j’énonce l’intitulé du projet, les mots font sourire. Et pourtant ! Cette plante flottante qui prolifère dans le Delta du Mékong et qui est parfois envahissante au point de bloquer les bateaux dans petits arroyos, se retrouve bel et bien au cœur d’un de nos projets. Jadis, cette plante servait à nourrir les porcs et à en faire de l’engrais bon marché. Aujourd’hui, grâce au savoir-faire des vanniers, les tiges séchées se transforment en vases, paniers, corbeilles, sets de table, qui sont envoyés aux quatre coins du monde et qui finissent au rayon décoration chez Ikea….
Fig. 1 : artisanat fait à partir de jacinthes d'eau
L’usage de la jacinthe d’eau ne s’arrête pas là, et c’est bien ce que le projet vise à démontrer. Mélangée à d’autres matières organiques, la jacinthe d’eau peut rentrer dans le processus de production de biogaz, de compost, d’ensilage pour bétails ou même encore de champignons. Redonner en quelques sortes une seconde vie à ce végétal et apprendre à utiliser les résidus organiques pour améliorer l’aquaculture et l’agriculture notamment ou bien encore pour obtenir du gaz pour cuisiner. Il s’agit surtout de permettre aux fermiers de la Province de Hau Giang, située dans le delta du Mékong, de reproduire les techniques apprises lors des séances de formation. Et augmenter leurs revenus… Voila donc, en quelques mots, les objectifs de ce projet.
Mais avant, il faudra de nombreuses expériences en laboratoires universitaires, à petite échelle, de nombreuses analyses chimiques, de nombreuses heures de discussions, et de discussions encore … Et puis, petit à petit, apparaîtront les premiers résultats: on achète des équipements, on construit des étangs à poissons, on inaugure un biogaz digesteur, on programme des séances de formation….
Fig. 2 : jacinthes d'eau
Et à moi il me faudra une fameuse dose de patience. Apprendre qu’un projet a parfois le rythme d’un sampan chargé de riz et qui navigue lentement sur les eaux du Mékong…
J’apprendrai à poser les bonnes questions, car, d’expérience, je sais maintenant que les réponses ne viennent jamais seules, d’elles mêmes. J’apprendrai la bureaucratie et les insoupçonnables démarches qui mènent à l’obtention d’un numéro de TVA. J’apprendrai que Moina et Daphnina sont bien les noms de minuscules crustacés et qu’un biogaz digesteur peut produire 60% de méthane et 25% de CO2…
A un niveau plus personnel, j’apprendrai le trafic à toute heure du jour et de la nuit. Avec le temps, je saurai même m’y insérer avec mon vélo. J’essayerai d’apprendre une langue qui s’apparente toujours autant à du chinois pour moi… J’aprendrai à travailler dans une équipe dans laquelle se mêlent parfois conflits de génération et différences culturelles. J’apprendrai aussi des professeurs de sciences à l’université mais je pense que j’en apprendrai encore d’avantage du sourire d’un fermier. Et puis aussi de cette culture vietnamienne, si riche…
A ceux qui se demandent comment je la vis, je répondrai que mon expérience à Can Tho est aussi variée que le sont les fruits que l’on trouve dans le delta du Mékong dont les noms étranges résonnent comme durion, longane, mangoustan, sapotille, fruits du dragon, pomme à lait et dont les formes et les couleurs sont d’une incroyable diversité…
Témoignage de Catherine Mertz, Can Tho, Vietnam
Labels: Vietnam
2 Commentaires:
Ayant vécu une similaire expérience au Vietnam, Cathérine je te souhaite bon courage pour la suite!!
Em Sandrine
11:30 PM
Bonjour Catherine,
Quelle jolie plume, joli texte, qui nous apprend beaucoup en peu de mots, sur le projet, sur ton état d'esprit, tes réflexions, sur les enrichissements que t'ont apporté déjà l'Asie et l'expatriation...
Ecris-nous souvent.
Bises,
Marinette
2:49 AM
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