22.3.05

Séminaire des chefs de projets d’Amérique centrale

Du 15 au 17 mars, le bureau régional de Managua a organisé son premier séminaire des chefs de projets d’Amérique centrale. Le séminaire s’est tenu dans le cadre d’une ancienne plantation de café transformée en hôtel en pleine verdure.

En plus du personnel international en poste au Nicaragua et au Salvador et du personnel du bureau régional, étaient présents M. Raymond Weber, Administrateur Délégué-Directeur de Lux-Development, Mme Alice Risch, Manager Qualité et Evaluation et Mme Vanessa Stoz, Chargée de Projets Nicaragua El Salvador au siège de Lux-Development.

Les principaux sujets abordés au cours du séminaire ont porté sur :
la politique de coopération du Grand-Duché de Luxembourg, la stratégie du gouvernement et le rôle de Lux-Development
les résultats et recommandations de la révision à mi-parcours des Programmes Indicatifs de Coopération au Nicaragua et au Salvador
la présentation du processus qualité et du manuel qualité
la présentation du manuel terrain, notamment les aspects concernant le lancement des projets, la programmation et le plan de travail annuel, l’élaboration des dossiers d’appel d’offres, les rapports mensuels et trimestriels, le nouveau format des audits de projet, les risques financiers et la clôture des projets
les évaluations de projets
la présentation du site intranet de Lux-Development
l’élaboration du plan de travail annuel de chaque projet
l’évaluation annuelle des chefs de projets

De plus, chaque CTP a présenté son projet en traitant un thème spécifique qui a servi de point de discussion avec ses collègues. Ont ainsi été abordés le renforcement institutionnel, l’évolution des indicateurs, la participation communautaire et l’implication de la contrepartie dans les projets.

Le dernier soir, un dîner a réuni tous les participants ainsi que les épouses des chefs de projet en poste au Nicaragua.



15.3.05

Luxembourg, ville la plus sure du monde

Luxembourg est la ville la plus sure du monde, selon un classement publié lundi par Mercer Human Resource Consulting qui place Bagdad au dernier rang.

Luxembourg est suivie par la capitale finlandaise Helsinki et les villes suisses de Berne, Genève et Zurich, deuxièmes ex aequo. Les villes canadiennes de Calgary, Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver sont les mieux classées d'Amérique du Nord; elles se partagent la 18e place.

Ces évaluations prennent en compte les statistiques des crimes, la stabilité du pays, ses relations avec les autres pays, mais aussi les restrictions des libertés personnelles et la censure.

Au palmarès des villes les plus dangereuses, Bagdad est suivie par Abidjan (Côte d'Ivoire), Bangui (République centrafricaine), ainsi que Port Harcourt et Lagos (Nigeria).

Un autre classement, celui de la qualité de vie, place Genève et Zurich en tête, suivies de Vancouver et Vienne. Bagdad arrive une nouvelle fois en dernière position.

Pour cette seconde étude, 39 facteurs ont été pris en compte: politique, économie, social, environnement, sécurité, santé, éducation, transports et services publics.

9.3.05

Point d'information du 8 mars 2005

1. Contexte politique

L’année 2005 s’annonce comme une année cruciale pour la coopération au développement. Commencée sous le choc du tsunami en Asie du Sud-Est* , elle sera marquée par toute une série de rendez-vous internationaux importants qui influeront sur l’avenir de la politique de coopération :

• au niveau du G7 et du G8 : proposition d’annulation à 100% de la dette multilatérale et bilatérale des PPTE (pays pauvres très endettés), Rapport de la Commission Afrique, élaboration d’un « Plan Marshall pour l’Afrique », mise en place de « international financing facilities », introduction d’éventuelles taxes internationales, etc. ;
• au niveau des Nations Unies : Rapport sur les « Objectifs de Développement du Millénaire » et Plan du Millénaire (rapport de Jeffrey Sachs), Sommet mondial sur les ODM , 3e Forum sur le développement humain (Paris) ;
• au niveau de la Banque Mondiale, des banques multilatérales de développement, de la Commission européenne, des Nations Unies et du CAD-OCDE : Forum « Renforcer ensemble l’efficacité de l’aide au développement » (Paris, 28 février-2 mars) :
Ce Forum, auquel j’ai pu participer en accord avec le MAE, a visé, après la Déclaration de Rome (février 2003) et le Memorandum de Marrakech concernant la gestion axée sur les résultats (février 2004), d’adopter un programme d’action, avec des « engagements de partenariat » autour de 5 principes : appropriation, alignement, harmonisation, reddition mutuelle de comptes et gestion axée sur les résultats. 12 « indicateurs de progrès » sont définis.
Les objectifs retenus dans la Déclaration de Paris sont les suivants :
- renforcement des stratégies nationales de développement des partenaires et des cadres opérationnels correspondants (plans, budgets et cadres d’évaluation des performances, p.ex.) ;
- alignement de l’aide sur les priorités, systèmes et procédures des pays partenaires et soutien au développement des capacités (capacity building) afin de consolider ces systèmes ;
- renforcement des obligations de rendre compte des donneurs et des pays partenaires (mutual accountability) à l’égard des citoyens et des instances parlementaires concernant leurs politiques et stratégies de développement ;
- réduction des doubles emplois dans les efforts des donneurs et rationalisation de leurs activités ;
- réforme des politiques et procédures des donneurs dans un sens qui encourage la collaboration et l’alignement progressif sur les priorités, systèmes et procédures des pays partenaires ;
- définition d’un commun accord de mesures et de normes de performance dans les domaines de la gestion des finances publiques, de la passation des marchés, des garanties fiduciaires et de l’évaluation environnementale et mise en application rapide et généralisée de ces dernières ;

• au niveau de l’UE : action humanitaire, lutte contre le SIDA, revue à mi-parcours des relations entre l’UE et les ACP, budgétisation du FED, réforme des services d’Europe-Aid ;
• présidence luxembourgeoise de l’UE : Réunion informelle des Ministres de la Coopération (début février) : mécanismes de suivi et de contrôle des engagements par rapport à la catastrophe du tsunami, SIDA, Objectifs de Développement du Millénaire, enjeux de la nouvelle Déclaration européenne relative à la politique de coopération au développement ; Séminaire sur la sécurité alimentaire et la cohérence des politiques (Neumunster, fin mars) ;
• au niveau de l’OMC : fin du Doha-Round ;

Sans oublier Davos et le Forum Social Mondial (Porto Alegre) qui ont réservé une grande partie de leurs débats à la coopération au développement ;

2. Vie de l’Agence

• Résultats financiers pour 2004 et prévisions pour 2005 :

- déboursements de 55,8 millions d’euro en 2004, au lieu d’une programmation initiale de 73,7 millions envisagés (le Cap-Vert a été « numéro 1 » pour les déboursements en 2004, suivi par le Vietnam et par le Nicaragua) ;
- pour 2005, déboursements prévus de 75,6 millions d’euro, hors les projets en formulation (le Cap-Vert reste « numéro 1 » en 2005, suivi par le Sénégal et les Balkans) ;

• CA du 23 février 2005 :
- mise en place d’un Comité d’Audit ;
- adoption définitive d’une Charte et de Lignes directrices pour l’audit interne ;

• rapports d’avancement sur l’ensemble de projets : en stade de finalisation. Ces rapports devraient être disponibles dans les jours qui viennent. Un grand merci pour tous ceux qui y ont collaboré et pour ceux qui en ont fait la finition ;
• évaluation des collaborateurs ;
• primes données aux collaborateurs ;
• audit organisationnel KPMG. Le rapport devrait être disponible aux environs du 10 avril. 7 points y sont abordés :
- mise à jour du suivi des recommandations de 2002 ;
- flux d’information et contrôles ;
- décentralisation et équilibre siège-terrain ;
- périmètre de la fonction financière ;
- transmission des rapports de gestion ;
- flux d’informations émanant de la valorisation des évaluations ;
- mode de rémunération de LD ;
• mission à Maurice (début février) :
cette mission visait essentiellement à évaluer une quinzaine d’années de coopération luxembourgeoise à Maurice et à Rodrigues, à quelques mois de la fermeture de notre « Bureau » et à évaluer la durabilité des projets MAR/707 (Secondary Education in Rodrigues) dont nous venons de soumettre le rapport final au MAE, et du projet MAR/708 (Charitables Institutions II), dans le secteur médico-social, projet qui va se terminer à la fin juin.
Si les différents projets peuvent être considérés comme pleinement réussis (par rapport à leur pertinence, leur efficience et leur efficacité), il semble difficile, pour le moment, de se prononcer sur leur durabilité, vu ce « phasing out » total de la coopération luxembourgeoise, sans proposition d’autres formes de coopération ;
• formulation de la 2e phase Laiterie Zora à Berane :
il s’agit de préparer, en formulation, une 2e phase au projet MEDNEM (Milk processing Enterprises Development in Northeast Montenegro). Ce projet, qui s’inscrit dans un contexte politique et économique assez compliqué, vise à développer le secteur de production laitière dans le Nord-Est du Montenegro, notamment avec la production de lait UHT. Les objectifs spécifiques sont d’ atteindre le break-even point concernant la rentabilité économique de la Laiterie, et cela de manière durable, d’améliorer les performances opérationnelles et financières de la Laiterie et de résoudre la question de la propriété de cette Laiterie.
Ce projet, dans lequel la partie luxembourgeoise a déjà investi quelque 6,5 millions d’euros, prévoit, dans sa 2e phase, une enveloppe budgétaire de quelque 2,5 millions d’euro supplémentaires. Les managers Opérations et Formulation se trouvent actuellement au Montenegro, pour négocier avec le Ministre Simovic le montant de la contrepartie monténégrine ;
• mission à Novi Pazar : projet YUG/006 : Services sociaux à Novi Pazar : ce projet intervient dans l’organisation de quatre secteurs : éducation, santé, eau et appui institutionnel à la municipalité ;
• FESPACO 2005 : le film sur la vie et l’œuvre de Joseph Ki-Zerbo (« Identités/Identité pour l’Afrique », de Dani Kouyaté) a été montré, avec grand succès, dans la section Panorama, le lundi 28 février ;

• renforcement de l’équipe : Anne Desmeth (équipe Namibie) et Dzeneta Ramic (équipe Balkans) vous avaient déjà été annoncées lors du PI du 1er février. Marie-Ange Provençano a entretemps rejoint l’équipe de l’Afrique de l’Ouest. Jérôme Vançon va rejoindre, dans quelques jours, l’équipe informatique, tout comme Daniel Penny va venir renforcer l’équipe des Affaires Internationales;
• Relations avec le MAE :
- révision du Protocole d’Accord :
- MOU (Memorandum of Understanding) pour l’année du micro-crédit ;
• rappel concernant le report des congés 2004 : si vous voulez reporter plus de 10 jours de congés 2004 sur 2005, après le 31 mars, il faut adresser un Mémo à ce sujet aux Ressources Humaines ;

3. Les principaux enjeux et objectifs pour les mois qui viennent :

• améliorer le taux de déboursement et d’exécution des projets ;
• améliorer la transparence par une adaptation de notre taux de rémunération ;
• améliorer le reporting et le monitoring ;
• lancer le processus « Etudes et Conseil », non pas comme Département, mais comme objectif de la Direction et au sein du Département « Etudes et Formulation » ;
• réussir notre certification ISO (en juin) ;
• mener à bien le rôle que le MAE et le Ministère des Finances nous confient dans l’année du micro-crédit ;
• continuer la réflexion sur :
- harmonisation des procédures ;
- décentralisation ;
- modes de coopération ;
• adapter éventuellement le « système », en fonction des recommandations de l’audit organisationnel ;

4. Quelques coups de cœur :

• Ray, de Taylor Hackford, avec Jamie Foxx (qui vient d’obtenir l’Oscar du meilleur acteur pour ce rôle sur la vie de Ray Charles) ;
• le 22e Festival des Migrations, des Cultures et de la Citoyenneté, le dernier week-end à Lux-Expo ;
• « le développement durable », par Sylvie Brunel, aux PUF (Que sais-je ?) ;
• « l’Afrique et les OMD », par Ahmed Rhazaoui, Luc-Joël Grégoire et Soraya Mellali, Economica ;
• « Tango Massai », de Maxence Fermine, chez Laffont ;
• « Le moine qui vendit sa Ferrari », de Robin S. Sharma, chez Laffont

* LD ne s’est pas spécialisé dans le domaine de l’action humanitaire et de l’aide d’urgence. Mais, comme l’action humanitaire figure dans nos Statuts, nous avions proposé nos services au Ministre Jean-Louis Schiltz

8.3.05

Note de Raymond Weber du 03.03.05

Harmonisation, action commune, résultats : renforcer ensemble l’efficacité de l’aide au développement

Forum à haut niveau, Paris, 28 février – 2 mars 2005

1. Ce Forum a été préparé par un Comité de Pilotage, présidé par la Banque mondiale, avec des représentants de la France et d’un ensemble d’institutions qui traitent des questions d’harmonisation, d’alignement et de gestion axée sur les résultats : banques multilatérales de développement (notamment la Banque asiatique de développement), Commission européenne, Nations Unies, pays partenaires (Bangladesh, Ethiopie, Nicaragua), Secrétariat du CAD-OCDE et membres du CAD (Danemark, Etats-Unis et Japon). Il a réuni, pendant deux jours et demi, une soixantaine de pays du Nord et du Sud, quelque 50 institutions et plusieurs ONGs et d’autres représentants de la société civile ;

2. Déroulement du Forum :

• la 1re partie était consacrée au thème « Progresser dans la mise en œuvre, contraintes et opportunités », avec 3 sous-thèmes :
- appropriation et responsabilité mutuelle ;
- harmonisation et alignement ;
- société civile et secteur privée ;
• la 2e journée était dédiée à deux fois trois tables rondes :
- action commune de soutien (alignement) aux priorités et aux systèmes des pays partenaires. Pays à faible revenu et pays à revenu intermédiaire ;
- harmonisation et action commune de soutien dans les Etats fragiles ;
- gestion financière publique et marchés publiques ;
- gestion axée sur les résultats en matière de développement ;
- intégrer aux programmes nationaux certaines initiatives mondiales ;
- libérer et renforcer les capacités dans les pays partenaires et donneurs ;
• la 3e journée était essentiellement « ministérielle », avec notamment des interventions de Donald Johnston (SG de l’OCDE), de Jean Lemierre (président de la BERD), James Wolfensohn (Banque mondiale), Haruhiko Kuroda (Banque asiatique de développement), Omar Kabbaj (Banque africaine de développement), plusieurs ministres du développement (Xavier Darcos, France et Hilary Benn, UK). Le Forum s’est terminé par l’adoption de « la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide » ;

3. Cette Déclaration, qui, dans ses premières versions, a été très ambitieuse et voulait constituer un important pas en avant par rapport aux engagements de Monterrey (mars 2002), au Forum sur l’harmonisation à Rome (février 2003) et à la table ronde sur la gestion axée sur les résultats en matière de développement, à Marrakech (février 2004), a été finalement, sous la pression des USA, sensiblement rabotée, concernant notamment les «objectifs - cibles » (targets) préconisées et les indicateurs utilisés.
Les 1res versions avaient ainsi prévu 12 indicateurs de progrès, pour l’appropriation, l’alignement, l’harmonisation et la gestion axée sur les résultats. Les objectifs étaient fixés pour 2010 ;

4. Le principal intérêt de ce Forum, à part cette Déclaration affaiblie, consiste dans les documents souvent excellents qui ont été publiés pour ou en amont de cette réunion. Citons notamment :
- Harmonisation, alignement, résultats. Bilan des progrès accomplis, défis à surmonter et occasions à saisir (Rapport établi par le groupe de travail du CAD-OCDE sur l’efficacité de l’aide et les pratiques des donneurs) ;
- Harmoniser l’aide pour renforcer son efficacité (OCDE 2003, disponible sur le site : www.oecd.org);
- Managing for Development Results. Principles in Action : Sourcebook on emerging good practice, OECD february 2005 ;
- Results-Based Country Programming : Improving Aid Agencies Performance in Managing for Development Results. Emerging Practices Note, OECD January 2005 ;
- Survey on Harmonisation and Alignment. Measuring Aid Harmonisation and Alignment in 14 Partner Countries, OECD-DAC ;
- Harmonising Donor Practices for Effective Aid Delivery : Budget Support, Sector Wide Approaches and Capacity Development in Public Financial Management, OECD-DAC ;
- Harmonising Donor Practices for Effective Aid Delivery : Strengthening Procurement Capacities in Developiung Countries, OECD-DAC ;
- Efficacité et allocation de l’aide, revue des débats, par Jacky Amprou et Lisa Chauvet, AFD novembre 2004, disponible sur le site : www.afd.fr)
- L’Afrique et les Objectifs du millénaire pour le développement, d’Ahmed Rhazaoui, Luc-Joël Grégoire et Soraya Mellali, Economica 2005) ;
- The Reality of Aid 2004, l’APD passée en revue par plus de 40 ONG, disponible sur le site : www.realityofaid.org;
- Pour les différentes interventions et la Déclaration du Forum de Paris, cfr http://www.aidharmonization.org/

5. Les discussions sont restées largement formelles, sans vrai dialogue. Les pays du Nord se sont mis, - une fois n’est pas coutume -, surtout à l’écoute des pays du Sud, invités par le CAD-OCDE et la Banque mondiale.
Elles ont montré que, si la communauté internationale semble aujourd’hui avoir adopté une sorte de discours commun , tournant autour des notions de : alignement (action commune de soutien aux priorités et aux systèmes des pays partenaires), harmonisation des procédures, appropriation/ownership (les partenaires fixent les objectifs), gestion axée sur les résultats, transparence et bonne gouvernance, les interprétations qui en sont données par les différents acteurs divergent pas mal, selon qu’ils viennent du Nord ou du Sud. A signaler aussi que des concepts tels que « développement durable » ou « cohérence des politiques » ont été singulièrement absents du Forum de Paris.
Les objectifs fixés dans la Déclaration:
• renforcement des stratégies nationales de développement des partenaires et des cadres opérationnels correspondants (plans, budgets et cadres d’évaluation des performances, p.ex.) ;
• alignement de l’aide sur les priorités, systèmes et procédures des pays partenaires et soutien au développement des capacités (capacity building) afin de consolider ces systèmes ;
• renforcement des obligations de rendre compte des donneurs et des pays partenaires (mutual accountability) à l’égard des citoyens et des instances parlementaires concernant leurs politiques et stratégies de développement ;
• réduction des doubles emplois dans les efforts des donneurs et rationalisation de leurs activités ;
• réforme des politiques et procédures des donneurs dans un sens qui encourage la collaboration et l’alignement progressif sur les priorités, systèmes et procédures des pays partenaires ;
• définition d’un commun accord de mesures et de normes de performance dans les domaines de la gestion des finances publiques, de la passation des marchés, des garanties fiduciaires et de l’évaluation environnementale et mise en application rapide et généralisée de ces dernières ;

6. Quelques conclusions plus personnelles :

• s’il est toujours intéressant de participer à un tel Forum (depuis Rome, c’est la seule fois où Lux-Development a été invitée par le MAE à participer à une réunion internationale et multilatérale), cet intérêt se réduit de manière substantielle si l’on n’a pas été associé à la préparation du Forum : c’est dans le Groupe de Travail et dans les sous-groupes que les discussions vraiment intéressantes ont eu lieu. Et ce n’est pas seulement LD, non sollicité, qui en a été absent, mais le Luxembourg qui ne semble pas disposer des ressources humaines et intellectuelles pour y participer !
• il semble y avoir aujourd’hui une sorte de fétichisation du management de la coopération au développement : avec une gestion axée sur les résultats, comprenant l’appropriation, l’alignement et l’harmonisation, avec quelques bons indicateurs et une évaluation transparente et commune, plus de problèmes, ou presque !
• la politique de la coopération au développement semble aujourd’hui dominée, d’une part par les Américains, d’autre part par les banquiers et les économistes. Alors que l’Europe assure plus de 50% de l’APD, elle est quasi absente dans des débats contrôlés par la Banque mondiale et le CAD. En plus, la France, le Royaume Uni, d’une part, l’Allemagne, les pays scandinaves d’autre part, ont leur propre agenda ;
• si les pays du Sud ont complètement adopté la phraséologie développementale du Nord, pour faire plaisir à la Banque mondiale et aux A,méricains (dont le Millennium Account éveille beaucoup d’attentes et d’espoirs, mais n’a guère donné lieu, jusqu’ici, à des déboursements et projets concrets), on n’a pas l’impression qu’ils sont vraiment devenus des « partenaires égaux ». Comme le disait déjà si bien A. Hampâté Bâ : la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit ;
• le seul objectif réellement « intériorisé » par les gouvernements, puisque l’opinion publique semble demander des comptes par rapport à lui, semble être celui du 0,7% du RNB pour l’APD. Mais cela implique qu’on « manipule » de plus en plus cette APD (allègement de dette publique des pays endettés, annulation de créances, coûts d’écolage (frais de scolarité des étudiants du Sud), aide aux réfugiés, opérations de maintien de paix, autres crédits de sécurité, etc.) et qu’on nous ressasse les oreilles avec des « Plan Marshall pour l’Afrique », des taxes internationales ou des IFF (International Financing Facilities) pour compenser une volonté politique défaillante sur l’objectif des 0,7% du RNB ;
• si l’aide budgétaire semble devenir l’instrument essentiel du multilatéral pour la coopération au développement, j’ai l’impression qu’au niveau de la coopération bilatérale cette « mode » ne progresse plus guère : c’est la SWAP (Sector Wide Approach) qui s’impose, autour des 3 concepts-clefs d’alignement, d’harmonisation et d’appropriation ;
• on semble se rendre compte, même si cela n’a pas été vraiment discuté à Paris, que les MDGs (Millennium Development Goals) dont on fera le monitoring en septembre, à l’ONU, vont bouleverser notre conception de l’aide. Ce qu’on visait jusqu’ici, c’était les équilibres macro-économiques et financiers des pays récepteurs et leur capacité à assumer la charge de leurs dépenses courantes. L’aide était fixée en fonction de la perception des capacités d’absorption du pays, pour financer des investissements et non des charges récurrentes.
Avec les MDG/ODM, la logique se renverse, en quelque sorte. D’ici à 2015, il faut que les pays aient atteint des objectifs minimaux en matière de revenu par habitant, de santé, d’eau potable, d’éducation primaire. En créant un standard correspondant à notre vision de ce dont l’homme a besoin, au minimum, pour vivre de manière digne (ce minimum étant aussi la condition d’un bon équilibre socio-politique de la planète), la communauté internationale crée un standard qui, sans se préoccuper des capacités des pays à l’atteindre de façon autonome, signifie que l’aide étrangère va devoir prendre une place importante dans le financement des budgets sociaux d’un certain nombre de pays (pensons au Niger, au Mali et au Burkina Faso, p.ex.), et ce de façon durable.
Jean-Michel Severino, directeur général de l’AFD, dans un récent article du « Monde » (1er mars 2005), dit : « dans le cas standard d’un pays d’Afrique subsaharienne où la fiscalité intérieure représente environ 10% du PIB, l’aide pourrait être portée à 30% du PIB environ pour financer les besoins liés aux ODM ». Ce qui reviendrait, toujours selon Severino, à mettre en place un « filet de sécurité planétaire » à travers lequel la communauté internationale financerait de manière récurrente les budgets sociaux des pays les plus pauvres ;