30.8.06

Disparition du romancier Naguib Mahfouz

L'écrivain égyptien, Naguib Mahfuz laisse derrière lui 50 romans et recueils de nouvelles.

(Photo : AFP)

Naguib Mahfouz est mort. Le romancier s’est éteint à l’âge de 94 ans, au Caire où il était hospitalisé depuis le 19 juillet. Ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer avant sa mort évoquaient sa petite taille, sa fragilité. La vie semblait s’être retirée loin à l’intérieur de cet être si frêle en apparence mais si fécond dans le domaine de la littérature. Aujourd’hui, lorsqu’on pense à Naguib Mahfouz c’est son œuvre immense qui vient à l’esprit. Le petit homme du Caire laisse derrière lui une œuvre gigantesque, composée de 50 romans et recueils de nouvelles.

Naguib Mahfouz est né au Caire en 1911 dans le vieux quartier de Gamâleya. Dernier enfant d’une fratrie plus âgée, il grandit en fils unique chez des parents issus de la petite bourgeoisie. Comme nombre d’enfants esseulés, il développe très jeune un goût marqué pour la lecture et montre des goûts éclectiques qui le transportent de la littérature occidentale à la philosophie en passant par les lectures scientifiques. En 1919, cet enfant curieux assiste au soulèvement populaire contre la présence anglaise et à la sanglante répression qui s’ensuit. Ce bain de sang marquera durablement son esprit. Lui-même dira plus tard que sa conscience politique est née durant ces terribles journées.

Quelques années plus tard, sa famille quitte le quartier de Gamâleya pour celui, plus résidentiel d’Abbâsseyya. Mais le jeune Mahfouz restera indéfectiblement attaché aux rues qui l’ont vu naître au point d’y situer une large part de son œuvre. En 1930, il fréquente l’université du Caire où il obtiendra une maîtrise de philosophie. Ses études achevées, il entame une carrière dans l’administration, qu’il n’abandonnera pas, même une fois devenu l’écrivain de renom que l’on sait.

Les pharaons d’abord

S’il a publié quelques nouvelles, un genre qui lui est cher, dans la presse durant ses études, Naguib Mahfouz consacre ses premiers ouvrages à la civilisation et à l’histoire de son pays. L’Egypte ancienne (1932) précède La Vanité des destins (1939), Radôbîs (1943) et Le Combat de Thèbes (1944). Ensuite, l’auteur publiera un roman presque chaque année de sa vie excepté pendant les périodes où il est occupé à réfléchir à une nouvelle orientation de son œuvre. Ainsi son souci d’innovation perpétuelle le conduit-il à publier en 1948 Le Mirage, un livre qui emprunte largement aux théories freudiennes sur la psychanalyse.

Le point d’orgue de son œuvre dans le style réaliste sera la célèbre trilogie (Impasse des deux Palais (1956), Le Palais du désir (1957) et Le Jardin du passé (1957) qui emmènent le lecteur sur les traces d’une famille de la moyenne bourgeoise cairote entre 1917 et 1944. L’ensemble est prétexte à la création d’une fresque à la fois historique et naturaliste telle qu’il n’en existe aucune jusque-là dans le roman arabe. Ensuite Mahfouz réalisera de nouvelles prouesses stylistiques en empruntant toujours à des genres nouveaux. La richesse de son œuvre est telle qu’Edouard Saïd a écrit à son propos «Il n’est pas seulement un Hugo ou un Dickens mais aussi un Galsworthy, un Mann, un Zola et un Jules Romain.»

Premier Nobel arabe

Des décennies d’écriture menées dans la discrétion, au prix d’une discipline sans faille et d’une hygiène de vie rigoureuse vont faire du petit homme, par ailleurs fonctionnaire modèle, un écrivain de renommée mondiale. Sa notoriété s’étend rapidement bien au-delà du monde arabe et l’écrivain cairote est traduit en anglais, en français et dans de nombreuses autres langues. L’âge venant, Naguib Mahfouz se passionne toujours pour l’être humain, ses richesses et ses vicissitudes. Il collabore également au célèbre journal al-Ahrâm et anime les cercles de la vie littéraire égyptienne. Son observation de la vie sociale enrichit ses nouvelles œuvres et les années qui passent n’enlèvent rien à l’acuité de son regard. Désireux d’inscrire la littérature dans l’histoire, il sait aussi questionner celle-ci et les pouvoirs en place. L’un de ses livres Awlad Haratina, (1959), jugé trop iconoclaste, est aujourd’hui encore interdit en Egypte. Il sera pourtant beaucoup pardonné à l’écrivain qui, en 1988, reçoit le premier Prix Nobel de littérature décerné à un auteur de langue arabe.

Rescapé en octobre 1994 d’un attentat islamiste qui a failli lui coûter la vie, Naguib Mahfouz avait choisi de vivre ses dernières années en reclus. Mais l’homme qui ne sortait plus guère écrivait et dictait toujours nouvelles et réflexions. Autant de trésors que ses fidèles lecteurs attendent comme un ultime message.

par Geneviève FIDANI

Article publié sur www.rfi.fr le 30/08/2006

17.8.06

Becoming a man in Casamance

By Rose Skelton
BBC News, Casamance, Senegal

Slashing its sharpened machetes together and letting out a deafening screech, the bark-clad beast known as a konkoran races through the market scattering women and children as they go about their morning shopping.


Even the Konkoran gets tired occasionally


Turning off down a residential side street in the southern Senegalese town of Ziguinchor, the frightening figure makes its way towards a family compound, accompanied by an entourage of dancing and singing young men.

Here they will find young boys who have recently been circumcised and who, according to the Mandingo people, are vulnerable at this time to attacks from evil spirits.

The beginning of Senegal's rainy season and the circumcision period, in which boys as young as three will symbolically become men, coincides with the announcement by the World Health Organization (WHO) that male circumcision could prevent millions of new HIV infections.

The study found that in places such as Senegal, where circumcision is commonly practised, HIV is less prevalent than in places where the practice is less widespread, such as in South Africa.



A separate WHO report says that demand for male circumcision as a method of combating HIV/AIDS is likely to increase dramatically in southern African countries.

However, concerns over traditional ceremonies - such as this one in Senegal - in which the health of the initiates may be put at risk because of exposure or unsanitary conditions, means that more circumcisions may be performed in hospitals by trained medical personnel rather than in the traditional manner.

Rites of passage

In the village, the konkoran doesn't walk on earth but flies. Nowadays, these kids do whatever they like.

Ibrahima Ndiongue
Grandfather



At the family compound of low white-washed concrete houses, the young men of the Ndiongue family bring their newly-circumcised sons from their hiding places as the konkoran in its costume of sacred red tree bark whirls through the compound gates.

With the young boys on their knees, the benevolent but violent beast circles them, chasing out the harmful spirits that are thought to cause illness or misfortune in later life.

"In Africa, there are things that we believe in and one of them is that there are bad spirits who want to harm the child while he's going through this vulnerable period.

"The Konkoran is working against that," says Ibrahima Ndiongue, 78, grandfather and great-grandfather to the three recently circumcised boys.


Circumcision is a rite of passage for Senegalese men


The elaborate rite will end when the boys are healed and taken to the sacred forest to learn the essentials of being a man.

Overnight, under the protection of the konkoran, they will be washed in sacred water, emerging the next morning as grown-ups.

But, says Ndiongue, the power of the ancient rite is waning, even though it is hugely popular amongst young Mandingo men in the region.

"This that you see in town, it's not the real konkoran," says the old man, dressed in a long robe and Muslim skullcap.

"In the village, the konkoran doesn't walk on earth but flies. Nowadays, these kids do whatever they like."

Men's business

The ritual of the konkoran is strictly the preserve of men. Female circumcision, or genital mutilation, was banned in Senegal in 1999.


These days women are allowed to watch - from a distance


Traditionally, women would not set eyes on the circumcised boys who in the days when Ibrahima Ndiongue was young, would spend up to three months in the forest learning the art of being a man.

"You learn about life, how to live with people, to be polite and wise," says Mr Ndiongue, recalling his own three months in the forest.

Traditionally, women were also strictly forbidden from seeing the konkoran, locking themselves inside the house when it came to the compound.

But Rama N'Diaye, one of Mr Ndiongue's 10 surviving children, says that this aspect of the ritual is changing too.

"Before, women would not even go to the door to look at the konkoran. Now, women are allowed to look from afar," says the 31-year-old hairdressing student.

Despite this, when the mythical beast appears in the neighbourhood, women and children still scatter.

"I am very afraid of him," says N'Diaye. "You just look at him and you feel afraid."