27.7.06

Banque Mondiale : Bons points et bonnets d'ane...

Article du 23 juillet 2006 par MARIANNE MEUNIER - Magazine Jeune Afrique

Pour la première fois, l’institution rend public son classement annuel concernant les pays pauvres. Le palmarès réserve des surprises.

Ne pas prêter n’importe quoi à n’importe qui, telle pourrait être la maxime de la Banque mondiale. Chaque année, l’institution réalise un classement des 76 pays les plus pauvres du monde afin de déterminer la somme qui sera prêtée à chacun. Les plus démunis seront-ils les mieux dotés ? Non. Mais les plus disciplinés, oui.
Une inflation contenue, une dette extérieure régulièrement remboursée, une économie où la concurrence est libre et le marché seul arbitre, des dépenses publiques équitablement réparties : voilà quelques-unes des conditions que l’institution de Bretton Woods pose au monde en développement pour lui accorder des prêts. Nettement teintées de libéralisme, elles sont réparties en quatre groupes : management économique, politique structurelle, politique sociale et management public (gouvernance). Consciente des risques de la publication d’un tel classement - stigmatiser les cancres et, partant, dissuader les investisseurs ou inciter les gouvernements à truquer les données macroéconomiques pour obtenir une bonne note -, la Banque mondiale a toujours été réticente à l’idée de le divulguer. Elle s’est finalement ravisée, pour 2005 et les années à venir.

Les félicitations du jury reviennent à un petit pays d’un peu plus de 3 millions d’habitants que peu savent situer sur une carte. Avec une note de 4,3 sur 6, l’Arménie arrive en tête du palmarès 2005. Elle est immédiatement suivie d’un autre confetti, mais dans l’océan Atlantique celui-ci. Le Cap-Vert obtient 4,1 sur 6. Puis viennent, à égalité, Samoa et Sainte-Lucie (4 sur 6), talonnés par la Tanzanie et Saint-Vincent et les Grenadines, ex æquo eux aussi, avec une note de 3,9. L’étoile montante indienne, avec son milliard d’habitants, son taux de croissance qui frôle les 10 % et son excellence en haute technologie, ne vient qu’en 14e position, derrière le minuscule royaume du Bhoutan et juste devant le Burkina Faso. En 46e, 47e et 48e position, on trouve trois pays du continent africain, le Cameroun, le Niger et la Mauritanie. L’Angola, riche en pétrole, ne vient qu’après, à la 70e place. Le tiercé final est africain : Comores, Centrafrique et Zimbabwe, dans l’ordre. Cancre de la classe, Harare obtient 1,8 sur 6, loin derrière les deux avant-derniers élèves, Moroni et Bangui, notés tous les deux 2,4 sur 6.

L’Inde après le Cap-Vert, le Mali avant le Pakistan, Djibouti, le Nigeria et le Vanuatu ex aequo : cet ordre a quelque chose de singulier, qui tranche avec les habituels classements selon les taux de croissance et les niveaux de développement. Mais les 16 critères retenus tiennent surtout compte de la bonne volonté des gouvernements à se plier aux valeurs de la Banque mondiale. Il est possible d’afficher une inflation contenue, de rembourser les arriérés de la dette avec la plus grande ponctualité, de garantir l’égalité entre hommes et femmes (on trouve quelques critères humanistes à côté des conditions purement quantitatives) tout en comptant 40 % de la population sous le seuil de pauvreté - au début du processus de développement en tout cas.

Autre constat : les critères ne font aucune référence à la situation politique des États. L’Ouganda, dirigé par un Museveni rivé au pouvoir depuis 1986 et « peu » enclin à la démocratie, arrive en 8e position. La bonne notation de Kampala tranche avec les appréciations de la Coface : « Le déséquilibre des comptes extérieurs est important. Une assiette fiscale étroite et le maintien à un niveau élevé des dépenses de sécurité ne permettent pas une résorption rapide des déficits », peut-on lire dans le dernier guide de l’agence de notation française, paru en janvier 2006. À quel saint se vouer ? Idem pour la Géorgie, au 10e rang : « les comptes extérieurs sont fortement déséquilibrés », estime la Coface, tandis que la Banque mondiale donne un « 4 sur 6 » à la politique de la dette de Tbilissi. L’agence de notation, s’adressant aux entreprises, est certes plus réticente que la Banque mondiale à distribuer des bons points. Les divergences de vue, immenses, restent toutefois difficiles à comprendre.

Pour évaluer la position de chacun des pays par rapport aux 16 indicateurs, la Banque mondiale utilise son réseau de représentants sur place. Chacun reçoit un questionnaire avec une définition détaillée de chaque critère et une explication du sens de chaque note. Un véritable petit manuel du professeur, où l’on peut lire que « 5 » signifie « bien », mais qu’il faut passer à « 6 » si c’est un « bien » qui dure plus de trois ans. Inversement, « 1 » signifie que la piètre situation de telle ou telle sphère de la politique économique s’est pérennisée. À chacune des quatre familles de critères correspond une moyenne, et la note finale est la moyenne de l’ensemble. Encore faut-il que les représentants aient à leur disposition des informations justes et objectives, ce qui n’est pas toujours le cas.

Un classement de plus qui ne sert qu’à noircir du papier ? Pas tout à fait. Ce tableau d’honneur, et de déshonneur, sert de référence à l’Association internationale de développement (IDA), le guichet de la Banque mondiale dédié aux pays ayant un revenu annuel par habitant inférieur à 1 025 dollars (pour 2005). Tous les trois ans, les bailleurs de fonds de l’IDA - financée par les pays les plus riches - se réunissent pour remettre la main au portefeuille et reconstituer les ressources de cette institution. Pour la période 2005-2008, leur contribution s’élève à 33 milliards de dollars. Une partie de cette somme est allouée à chaque pays en fonction de ses notes aux précédents classements. Mieux vaut donc se tenir sur ses gardes, d’autant plus que, maintenant, les bons et les mauvais points sont rendus publics.

6.7.06

Cambodians ride "bamboo railway"


The Bamboo trains travel at up to 40km/h


Travellers in Cambodia have to deal with one of the world's worst train networks.

There is only one passenger service a week, and it often travels at not much more than walking pace.

So people in the north west of the country, near Cambodia's second city of Battambang, have taken matters into their own hands.

They have created their own rail service using little more than pieces of bamboo. The locals call the vehicles "noris", or "lorries", but overseas visitors know them as "bamboo trains".

A tiny electric generator engine provides the power, and the passenger accommodation is a bamboo platform that rests on top of two sets of wheels. A dried-grass mat to sit on counts as a luxury.



Unofficial role

Low fares add to the appeal, but the service is not without its quirks. There is only one track - so if two trains meet, the one with the lightest load has to be taken off the rails so the other can pass.


Driver Sok Kimhor says he takes care of his passengers


The bamboo trains have been an unofficial part of the Cambodian transport network for years. The official railways survived decades of civil war and sabotage by the Khmer Rouge, but all those years without maintenance have taken their toll.

Recent cuts to the timetable mean the official service to Phnom Penh now departs just once a week, and local people are left little alternative but to use the bamboo trains.

"I use the bamboo trains to go to Battambang from my house in Phnom Teppedey so I can buy medicine," said Sao Nao as she sits on the rails with a small group of people, waiting for a nori to depart.

"They're very safe - a motorbike taxi is too fast, and if I use one of those I sometimes get dizzy and fall off. On a bamboo train I can sit down and go to sleep. You can't do that on a motorbike."

Motorbikes would also struggle to take the loads that bamboo trains happily lug - indeed they often form part of the cargo, alongside freshly-harvested lychees, machine parts and timber for building houses.

Deserted

While there is plenty of bustle around the bamboo trains at their improvised stations outside Battambang, the city's main station lies deserted. Cattle chomp on the grass growing over the rails and children play on the tracks without any fear for their safety.


Sokhom Pheakavanmony says a better train service is on its way


In Phnom Penh, the story is much the same. The station is beautiful, but three battered carriages are all that is left of Cambodia's passenger rolling stock.

The director of Cambodian Railways, Sokhom Pheakavanmony, admitted that passenger services are currently woeful, but said that improvements were on their way.

"In a plan under discussion with the Asian Development Bank right now, by 2010 we will be able to complete the rehabilitation," he said.

"I think that if the rail condition is good, the passenger trains can run. I hope that in the future, people can use the trains to move from one area to another area, and from one country to another."

The ultimate goal is for Cambodia to be a key part of a railway linking all of South East Asia, but that seems a long way off to the people of Battambang.

Despite official efforts to discourage the service, they will keep the faith with the bamboo railway until they see concrete proof otherwise.

Article by Guy De Launey
BBC News, Phnom Penh